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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/206

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étoile à l’ouest du pôle avait accompli son voyage pour venir illuminer cette partie du ciel où elle brille à cette heure, Marcellus et moi, au moment où la cloche sonnait une heure....

MARCELLUS. — Paix ! arrête-toi ; regarde, le voici qui vient encore !

Entre LE FANTÔME.

BERNARDO. — Exactement avec le même aspect que le roi qui est mort.

MARCELLUS, — Toi qui es un savant, parle-lui, Horatio [1].

BERNARDO. — N’a-t-il pas tout l’air du roi ? regarde-le bien, Horatio.

HORATIO. — C’est le roi lui-même : — j’en suis anéanti d’épouvante et d’étonnement.

BERNARDO. — Il voudrait qu’on lui parlât.

MARCELLUS. — Questionne-le, Horatio.

HORATIO. — Qui es-tu, toi qui empruntes cette heure de la nuit pour usurper les belles et vaillantes formes sous lesquelles marchait naguère la majesté du défunt roi de Danemark ? par le ciel, parle, je te l’enjoins !

MARCELLUS. — Il est offensé.

BERNARDO. — Voyez ! il s’éloigne fièreinent !

HORATIO. — Arrête ! parle, parle ! je te l’enjoins, parle ! (Sort le Fantôme.)

MARCELLUS. — Il est parti et ne répondra pas.

BERNARDO. — Eh bien, Horatio ! voilà que vous tremblez et que vous êtes pâle : n’est-ce pas quelque chose de plus qu’une imagination de noire part ? Qu’en pensez-vous ?

HORATIO. — Devant mon Dieu, je n’aurais jamais pu le croire sans le témoignage sensible et certain de mes propres yeux.

MARCELLUS. — Ne ressemble-t-il pas’ au roi ?

HORATIO. — Comme tu te ressembles à toi-même : telle était l’armure même qu’il portait, lorsqu’il combattit l’ambitieux roi de Norwége : c’est ainsi qu’il fronça le