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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/225

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autre motif, suffit pour donner des envies de se précipiter à quiconque regarde la mer à tant de toises d’élévation, et l’entend mugir en bas.

HAMLET. — Il me fait signe encore. — Marche, je te suis.

MARCELLUS. — Vous n’irez pas, Monseigneur.

HAMLET. — Retirez vos mains !

HORATIO. — Laissez-vous contraindre ; vous n’irez pas.

HAMLET. — Ma destinée m’appelle à haute voix, et donne au plus petit artère de ce corps la force des muscles du lion de Némée. (LeFantôme fait signe à Hamlet.) Il m’appelle encore ; — laissez-moi, gentilshommes ; (il s’arrache de leurs bras) par le ciel, je vais faire un fantôme de celui qui voudra me retenir ! — arrière, disje ! — Marche, je te suis. (Sortent le Fantôme et Hamlet.)

HORATIO. — Le délire s’empare de son imagination.

MARCELLUS. — Suivons-le ; il n’est pas bien à nous de lui obéir ainsi.

HORATIO. — Volontiers. Qu’est-ce qui va résulter de cela ?

MARCELLUS. — Il y a quelque chose de pourri dans l’état de Danemark. HORATIO. — Le ciel arrangera cela.

MARCELLUS. — Allons, suivons-le. (Ils sortent.)

SCÈNE V.

Une partie plus solitaire de l’esplanade.
Entrent LE FANTÔME et HAMLET.

HAMLET. — Où veux-tu me conduire ? parle, je n’irai pas plus loin.

LE FANTÔME. — Écoûte-moi.

HAMLET. — Je t’écoute.

LE FANTÔME. — L’heure est presque arrivée où il me faut retourner aux flammes sulfureuses et torturantes.