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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/290

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SCÈNE II.

Un autre appartement dans le château.

Entre HAMLET.

HAMLET. — Le voilà en lieu sûr.

ROSENCRANTZ et GUILDENSTERN ; de l’ extérieur. — Hamlet ! Seigneur Hamlet !

HAMLET. — Mais doucement ! quel est ce bruit ? qui appelle Hamlet ? Oh ! les voici qui viennent.

Entrent ROSENCRANTZ et GUILDENSTERN.

ROSENCRANTZ. — Qu’ayez-vous fait du cadavre, Monseigneur ?

HAMLET. — Je l’ai mêlé à la poussière dont il est parent.

ROSENCRANTZ. — Dites-nous où il est, afin que nous puissions l’enlever et le porter à la chapelle.

HAMLET. — Ne croyez pas cela.

ROSENCRANTZ. — Ne pas croire quoi ?

HAMLET. — Que je puis garder votre secret et non pas le mien. Et puis être questionné par une éponge ! quelle réponse voulez-vous que fasse un fils de roi ?

ROSENCRANTZ. — Me prenez-vous pour une éponge, Monseigneur ?

HAMLET. — Oui, Monsieur, pour une éponge qui s’imbibe de la protection du roi, de ses récompenses, de son autorité. Mais ce n’est qu’à la fin que des officiers tels que vous rendent au roi leurs meilleurs services : il les garde comme un singe garde des noix dans le coin de sa mâchoire ; il commence par les mettre dans sa bouche, et les y lient en réserve pour les avaler plus tard : lorsqu’il a besoin de ce que vous avez glané, il n’a qu’à vous presser, et, éponge que vous êtes, vous voilà de nouveau à sec.

ROSENCRANTZ. — Je ne vous comprends pas, Monseigneur.