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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/305

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te frapperont de mutisme, et cependant elles seront trop faibles encore pour l’importance des choses qu’elles doivent exprimer. Ces bonnes gens te conduiront où je suis. Rosencrantz et Guildenstern continuent leur route pour l’Angleterre : j’ai beaucoup de choses à te dire sur eux, Adieu. Celui que tu sais tout à toi, HAMLET. » Venez, je vais vous donner moyen de remettre ces lettres ; et faites aussi vite que possible, afin que vous me conduisiez vers celui qui vous les a remises. (Ils sortent.)

SCÈNE VII.

Un autre appartement dans le château.
Entrent LE ROI et LAERTES.

LE ROI. — Maintenant votre conscience doit signer mon acquittement, et votre cœur doit m’accepter comme ami, puisque vous avez entendu, et cela d’une oreille bien ouverte, que celui qui a tué votre noble père poursuivait aussi ma vie.

LAERTES. — Cela est très-apparent : — mais dites-moi pourquoi vous n’avez pas procédé contre ces actes criminels au premier chef s’il en fût, alors que vous y étiez essentiellement invité par votre sécurité, votre sagesse, tout enfin.

LE ROI. — Oh ! pour deux raisons particulières, qui vous sembleront peut-être très-pusillanimes, mais qui pour moi sont très-fortes. La reine, sa mère, vit presque de le contempler, et pour ce qui est de moi, — c’est peut-être ma vertu, peut-être ma malédiction, — elle est tellement associée à ma vie et à mon âme, que de même que l’étoile ne se meut que dans sa sphère, je ne puis rien que ce qu’elle veut. L’autre motif pour lequel je n’ai pu rendre de compte public, c’est le grand amour que lui porte la foule ; pareille à la source qui change le bois en pierre, en baignant toutes ses fautes dans son affection, elle aurait changé ses fers en ornements ; en sorte que