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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/374

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trahison du sang ! — Pères, ne vous fiez plus désormais aux âmes de vos filles sur la manière dont vous les voyez agir. — Est-ce qu’il n’y a pas des charmes qui permettent d’abuser de la jeunesse et de l’innocence ? N’avez-vous pas lu des faits de ce genre, Roderigo ?

RODERIGO. — Oui, vraiment, Signor.

BRABANTIO. — Faites lever mon frère ! — Oh ! pour—quoi n’est-ce pas vous qui l’avez eue ? — Que quelques-uns aillent d’un côté, et d’autres dans une direction différente. — Savez-vous où nous pourrons les saisir, elle et le Maure ?

RODERIGO. — Je pense que je pourrai le découvrir, s’il vous convient de vous munir d’une bonne garde, et de venir avec moi.

BRABANTIO. — Je vous en prie, guidez-nous, À chaque maison, j’appellerai ; je puis commander à beaucoup. — Prenez des armes, holà ! et réveillez quelques-uns, des officiers spécialement attachés au service de nuit [5]. — Marchons, mon bon Roderigo ; — je reconnaîtrai vos peines. (Ils sortent.)

SCÈNE II

VENISE. — Une autre rue.
Entrent OTHELLO, IAGO, et des SERVITEURS avec des torches.

IAGO. — Quoique j’aiétué des hommes dans le service de la guerre, je tiens cependant, pour un cas de conscience de commettre un meurtre prémédité : je manque quelquefois d’iniquité pour me rendre service. Neuf où dix fois, j’ai eu la pensée de le perforer, là, sous les côtes.

OTHELLO. — Il est mieux que les choses soient ainsi.

IAGO. — Certes, mais il bavardait et proférait des termes si injurieux et si provoquants contre Votre Honneur, qu’avec le peu de dévotion que je possède, j’ai eu bien de la peine à le supporter. Mais, je vous en prie,