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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/393

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Rentre LE SECOND GENTILHOMME.

CASSIO. — Eh bien ! qui est entré au port ?

SECOND GENTILHOMME. — Un certain Iago, enseigne du général.

CASSIO. — Il a fait un bien heureux et bien rapide voyage. Les tempêtes elles-mêmes, les mers houleuses, les vents mugissants, les rochers rongés des vagues, et les sables amoncelés, traîtres aux aguets pour surprendre l’innocent navire, ont comme par sentiment de la beauté, renoncé à leur nature meurtrière, pour laisser aller en toute sécurité la divine Desdémona.

MONTANO. — Quelle est cette personne ?

CASSIO. — Celle dont je vous parlais, le capitaine de notre grand capitaine, remise à la conduite du courageux Iago, dont l’arrivée ici devance notre attente d’une rapidité de sept jours. Grand Jupiter [2], protège Othello et gonfle ses voiles de ton souffle puissant, afin qu’il honore cette baie de son beau vaisseau, qu’il sente dans les bras de Desdémona les ardentes palpitations de l’amour, qu’il rallume le feu de nos courages éteints, et qu’il apporte la consolation à Chypre entière !

Entrent DESDÉMONA, ÉMILIA, IAGO, RODERIGO et des gens de leurs suites.

CASSIO. — Oh ! voyez, les trésors du vaisseau sont débarqués à terre ! Habitants de Chypre, agenouillez-vous devant elle. — Salut, Dame ! et que la grâce du ciel t’enveloppe toute entière, par devant, par derrière, et de tous les côtés !

DESDÉMONA. — Je vous remercie, vaillant Cassio. Quelles nouvelles pouvez-vous me donner de mon Seigneur ?

CASSIO. — Il n’est pas encore arrivé ; mais autant que je sache, il est bien, et sera ici sous peu.

DESDÉMONA. — Oh, mais je crains.... Comment n’êtes-vous pas en sa compagnie ?

CASSIO. — La grande lutte de la mer et des cieux nous a séparés : — mais écoutez ! une voile !