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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/443

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dépendait des jupons de Bianca, comme, vous auriez bien vite réussi !

CASSIO. — Hélas, la pauvre créature !

OTHELLO, à part. — Voyez comme il rit déjà !

IAGO. — Je n’ai jamais vu de femme aimer autant un homme.

CASSIO. — Hélas, la pauvre coquine ! je crois, sur ma foi, qu’elle m’aime.

OTHELLO, à part. — Voilà qu’il nie la chose faiblement, et qu’elle le fait éclater de rire.

IAGO. — Entendez-vous, Cassio ?

OTHELLO, à part. — Voilà maintenant qu’il le presse pour lui faire raconter son histoire : — va ; bien parlé, bien parlé.

IAGO. — Elle raconte que vous l’épouserez : avez-vous cette intention ?

CASSIO. — Ah ! ah ! ah !

OTHELLO, à part. — Est-ce que vous triomphez, Romain ? est-ce que vous triomphez [2] ?

CASSIO. — Moi l’épouser ! une fille ! Je t’en prie, juge mon esprit avec un peu de charité ; n’aie pas de moi une opinion si nauséabonde. Ah ! ah ! ah !

OTHELLO, à part. — C’est ça, c’est ça, c’est ça, c’est ça : — ceux qui gagnent rient.

IAGO. — Sur ma foi, le bruit court que vous l’épouserez.

CASSIO. — Je t’en prie, dis-moi la vérité.

IAGO. — Si cela n’est pas, je suis un pur scélérat.

OTHELLO, à part. — Ah ! m’avez-vous marqué au front ? Bon.

CASSIO. — C’est simplement un racontage de cette guenon : elle est persuadée que je l’épouserai par une lubie de sa vanité et de son amour-propre, mais non par le fait d’une promesse de ma part.

OTHELLO, à part. — Iago me fait signe ; maintenant il commencer l’histoire.

CASSIO. — Elle était ici il n’y a qu’un instant ; elle me poursuit en tous lieux. L’autre jour, j’étais sur le bord de