Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/48

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paix ! Je hais ce mot, comme je hais, l’enfer, tous les Montaigus, et toi : en garde, lâche ! (Ils se battent.)

Entrent divers clients des deux maisons qui se joignent à la mêlée ; puis entrent des citoyens avec des bâtons et de pertuisanes.

LES CITOYENS. — Des bâtons ! des cannes ! des pertuisanes ! Frappez ! Rossez-les ! A bas les Capulets ! A bas les Montaigus !

Entrent CAPULET dans sa robe de chambre et MADONNA CAPULET.

CAPULET. — Qu’est-ce que ce tapage ? — Holà ! donnez-moi ma grande épée8!

MADONNA CAPULET. — Une béquille ! Une béquille ! Pourquoi demandez-vous une épée ?

CAPULET. — Mon épée, dis-je ! — Le vieux Montaigu est accouru, et brandit sa lame pour me défier.

Entrent MONTAIGU et MADONNA MONTAIGU.

MONTAIGU. — Scélérat de Capulet ! — Ne me retiens pas, laisse-moi aller.

MADONNA MONTAIGU. — Tu ne bougeras pas d’une semelle pour aller chercher un ennemi.

Entre LE PRINCE, avec sa suite.

LE PRINCE. — Sujets rebelles, ennemis de la paix, qui abusez de cet acier souillé du sang de vos voisins.... Eh bien, est-ce qu’ils ne vont pas m’écouter ? — Holà, qu’est-ce à dire ? Hommes, bêtes, qui éteignez le feu de votre rage pernicieuse avec les fontaines de pourpre jaillissant de vos veines, sous peine de la torture, que vos mains sanglantes jettent à terre ces armes mal gouvernées, et écoutez la sentence de votre prince irrité : par ton fait, vieux Capulet, et par ton fait, Montaigu, trois rixes civiles, sorties d’un mot dit en l’air, ont trois fois troublé le repos de nos rues, et forcé les anciens citoyens de Vérone à dépouiller leurs graves et décents costumes, pour brandir dans des mains vieilles comme elles de vieilles