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ACTE I, SCÈNE II.

cation dans le commentaire de ses yeux. Ce précieux livre d’amour, cet amant non relié, n’attend qu’une couverture pour compléter sa beauté : le poisson vit dans la mer, et c’est un grand honneur pour la beauté extérieure de pouvoir envelopper la beauté intérieure. Aux yeux de beaucoup, le livre qui sous ses agrafes d’or renferme une légende dorée en partage la gloire, et c’est ainsi qu’en l’épousant vous partagerez tout ce qu’il possède sans être en rien diminuée vous-même.

LA NOURRICE. — Sans être diminuée ! dites plutôt en étant augmentée. Les femmes grossissent par le fait des hommes.

MADONNA CAPULET. — Parlez brièvement ; l’amour de Paris peut-il vous plaire ?

JULIETTE. — Je le regarderai à cette fin, si toutefois regarder suffit pour faire naître la sympathie ; mais mon œil ne s’enhardira que dans la mesure où votre volonté le lui permettra.

Entre UN VALET.

LE VALET. — Madame, les convives sont arrivés, le souper est servi, on vous appelle, on demande ma jeune Dame, on maudit la nourrice dans l’office, et tout est très-pressé. Il faut que je coure vite servir ; je vous en conjure, venez immédiatement.

MADONNA CAPULET. — Nous te suivons. — Juliette, le comte attend.

LA NOURRICE. — Allons, fillette, va chercher d’heureuses nuits pour les joindre à tes heureux jours. (Elles sortent.)


Scène IV.

Une rue.
Entrent ROMÉO, MERCUTIO, BENVOLIO, avec cinq ou six masques et porteurs de torches.

ROMÉO. — Eh bien, ferons-nous ce discours pour