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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/70

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ACTE I, SCÈNE II.

redoutables qui le retiennent le doux appât de l’amour. Tenu pour ennemi, il ne peut avoir l’accès libre pour soupirer les serments que les amants ont coutume de jurer ; et elle, tout aussi amoureuse, a moins de moyens encore de se procurer une entrevue avec son récent bien-aimé : mais la passion leur prêtant l’énergie, et le temps l’occasion de se rencontrer, leur permettent de corriger l’excessive rigueur de cette situation par d’excessives délices. (Sort le chœur.)

ACTE II.


Scène PREMIÈRE.

Un espace ouvert adjoignant le jardin de CAPULET.
Entre ROMÉO.

ROMÉO. — Puis-je aller plus avant lorsque mon cœur est ici ? Allons, mon corps, allons, lourde argile, retourne en arrière, et vas retrouver ton centre [1]. (Il escalade le mur et saute dans le jardin.)

Entrent BENVOLIO et MERCUTIO.

BENVOLIO. — Roméo ! mon cousin Roméo ! Roméo !

MERCUTIO. — Il est sage, et sur ma vie, il se sera esquivé pour aller se mettre au lit.

BENVOLIO. — Il a couru de ce côté, et il a sauté le mur de ce jardin : appelle-le, mon bon Mercutio.

  1. Le centre de son corps, c’est-à-dire son cœur, qui s’est séparé de lui pour rester dans les lieux qu’habite Juliette.