détails : voyons, fais-moi ce plaisir : sont-elles bonnes ou mauvaises ?
LA NOURRICE. — Bon ! vous avez fait un choix ordinaire ; vous ne savez pas choisir un homme Roméo ! non, non, ce n’était pas là l’homme. Sa figure, il est vrai, est plus jolie que celle de n’importe qui, mais ses jambes l’emportent sur celles de tout le monde ; quant à la main, au pied, à la taille, quoiqu’il n’y ait pas à en parler, tout cela est au-dessus de toute comparaison : il n’est pas la fleur de la courtoisie ; mais je le garantis aussi doux qu’un agneau. Va ton chemin, fillette ; sers Dieu. — Eh bien, avez-vous déjà dîné, à la maison ?
JULIETTE. — Non, non : mais je savais déjà tout ce que tu me dis ; que dit— il le notre mariage ? qu’en dit-il ?
LA NOURRICE. — Seigneur, comme ma tête me fait mal ! quelle tête ai-je donc ? elle bat comme si elle allait se casser en vingt morceaux. Et mon dos, de l’autre côté : — oh mon dos, mon dos ! — Diable soit de vous pour m’avoir envoyée chercher ma mort, en me faisant courir par monts et par vaux !
JULIETTE. — Sur ma foi, je suis désolée que tu ne sois pas bien : Douce, douce, douce nourrice ; que dit mon amour ? apprends-le-moi.
LA NOURRICE. — Votre amour dit, comme un honnête gentilhomme, comme un courtois, un tendre, un beau, et, je le garantis, un vertueux.... — Où est votre mère ?
JULIETTE. — Où est ma mère ? — Parbleu, elle est dans., la maison ; où pourrait-elle être ? Quelle singulière réponse tu me fais : « Votre amour dit comme un honnête gentilhomme, — où est votre mère ? »
LA NOURRICE. — Ah, sainte mère de Dieu ! êtes-vous aussi bouillante que cela ? parbleu, débordez, alors. Si c’est là le cataplasme que vous appliquez sur mes os malades, vous pourrez désormais faire vos messages vous-même.
JULIETTE. — En voilà un galimatias ! Voyons que dit Roméo ?
LA NOURRICE. — Avez-vous obtenu la permission d’aller à confesse aujourd’hui ?