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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/115

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ARVIRAGUS. — Dis, où le déposerons-nous ?

GUIDERIUS. — À côté de la bonne Euriphile, notre mère.

ARVIRAGUS. — Soit : Polydore, quoique nos voix aient maintenant acquis le son rauque de la virilité, chantons-lui nos adieux, comme nous l’avons fait autrefois pour notre mère : servons-nous de la même mélodie et des mêmes paroles, sauf que nous échangerons le nom d’Euriphile en celui de Fidèle.

GUIDERIUS. — Cadwal, je ne puis chanter : je pleurerai, et je répéterai les paroles avec, toi : car des mélodies douloureuses hors de ton sont pires que des prêtres et des temples qui mentent.

ARVIRAGUS. — Nous réciterons le chant alors.

BELARIUS. — Les grands chagrins, je le vois, guérissent des moindres ; car Cloten est tout à fait oublié. C’était le fils d’une reine, enfants : quoiqu’il fût venu ici comme notre ennemi, souvenez-vous qu’il en a été bien puni. Bien que les puissants et les petits, également condamnés à pourrir, ne soient qu’une même poussière, cependant le respect (cet ange, du monde) établit une distinction de place entre le haut et le bas. Notre ennemi était prince, ensevelissez-le donc comme un prince, quoique vous lui ayez arraché la vie comme étant notre ennemi.

GUIDERIUS. — Apportez-le ici, je vous prie : le corps de Thersité vaut celui d’Ajax, lorsque tous deux sont morts.

ARVIRAGUS. — Si vous voulez aller le chercher, nous réciterons pendant ce temps-là notre chant funèbre. — Frère, commence. (Sort Belarius.)

GUIDERIUS. — Mais, Cadwal, nous devons placer sa tête du côté de l’orient : notre père a ses raisons pour cette cérémonie.

ARVIRAGUS. — C’est vrai.

GUIDERIUS. — Viens, en ce cas, et changeons-le de place.

ARVIRAGUS. — Ainsi. — Commence.