Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/73

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ont débarqué dans notre Bretagne exempte de craintes, plutôt que vous n’apprendrez qu’on a payé un tribut d’un seul denier. Nos compatriotes sont gens beaucoup mieux organisés qu’à l’époque où Jules César souriait de leur inhabileté, mais trouvait cependant que leur courage valait la peine qu’il fronçât le sourcil : leur discipline unie maintenant à leur courage fera connaître à ceux qui les mettront à l’épreuve qu’ils sont au nombre de ces peuples qui se perfectionnent en ce monde.

PHILARIO. — Voyez ! Iachimo !

Entre IACHIMO.

POSTHUMUS. — Les cerfs les plus agiles vous auront sans doute mené sur terre, et les vents de tous les points cardinaux auront sans doute ensemble baisé vos voiles pour faire rapide votre navire.

PHILARIO. — Soyez le bienvenu, Seigneur.

POSTHUMUS. — J’espère que la brièveté de la réponse que vous avez reçue a causé la rapidité de votre retour.

IACHIMO. — Votre Dame est une des plus belles que j’aie jamais vues.

POSTHUMUS. — Et la plus vertueuse en outre ; sans quoi sa beauté pourrait à son aise se mettre à une fenêtre pour agacer les cœurs vicieux et agir vicieusement avec eux.

IACHIMO. — Voici des lettres pour vous.

POSTHUMUS. — La teneur en est bonne, je pense,

IACHIMO. — C’est très-probable.

PHILARIO. — Caïus Lucius était-il à la cour de Bretagne, lorsque vous y étiez ?

IACHIMO. — Il y était attendu ; mais il n’était pas encore arrivé.

POSTHUMUS. — Tout est bien encore. Ce diamant brille-t-il toujours selon son habitude ? ou bien n’est-il pas devenu trop éteint pour que votre élégance le porte ?

IACHIMO. — Si je l’avais perdu, j’en aurais perdu la valeur en or, voilà tout. Je ferais un voyage deux fois