Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/17

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ÉGÉE

Avancez, vous, Lysandre !… Et ce jeune homme-là,
Seigneur, par ses propos enjôleurs et pervers,
Prit son cœur et l’ensorcela !
Oui, oui, c’est toi, méchant, qui lui chantas des vers
Pour surprendre ses vœux
Par les nuits clandestines !
C’est toi qui séduisis sa candeur enfantine
Par des bracelets de cheveux,
Des bouquets, des bonbons, des serments, des promesses,
Tous ces appâts trompeurs à piper la jeunesse !
Une enfant indocile, au devoir infidèle,
Voilà ce que l’audace et la ruse ont fait d’elle !
Aussi, mon bon seigneur, si tantôt, devant vous,
Désobéissante et hautaine,
Elle ose encor refuser cet époux,
Je réclame l’ancien privilège d’Athènes :
Je suis son père et peux disposer de son sort,
Elle choisira donc ou cet homme ou la mort !

THÉSÉE

Qu’est-ce donc, Hermia ? Réfléchissez, ma fille !
Oubliez-vous qu’un père de famille
Doit être un Dieu pour ses enfants ?
Pareil au créateur d’une image d’argile
Il fit votre beauté charmante, mais fragile,
Car rien ne lui défend
D’en respecter la forme ou de l’anéantir !
De quoi vous plaignez-vous d’ailleurs ? Est-ce un martyre
À vous donner tant de souci
Qu’épouser ce jeune homme ? Il est bien !… L’autre aussi !

HERMIA

Qu’épouser ce jeune homme ? Il est bien !… L’autre aussi !