Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/337

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LAERTES.

— Tu n’as déjà que trop d’eau, pauvre Ophélia ; — je retiendrai donc mes larmes… Et pourtant,

Il sanglote.

— c’est un tic chez nous : la nature garde ses habitudes, — quoi qu’en dise la honte. Quand ces pleurs auront coulé, — plus de femmelette en moi ! Adieu, Monseigneur ; — j’ai des paroles de feu qui flamboieraient, — si cette folle douleur ne les noyait pas.

Il sort.
LE ROI.

Suivons-le, Gertrude : — quelle peine j’ai eue à calmer sa rage ! — je crains bien que ceci ne lui donne un nouvel élan. — Suivons-le donc. —

Ils sortent.

SCÈNE XIX.
[Un cimetière.]
Entrent deux paysans, avec des bêches.
PREMIER PAYSAN.

Doit-elle être ensevelie en sépulture chrétienne, celle qui volontairement devance l’heure de son salut ?

DEUXIÈME PAYSAN.

Je te dis que oui. Donc creuse sa tombe sur-le-champ. Le coroner a tenu enquête sur elle, et conclu à la sépulture chrétienne.

PREMIER PAYSAN.

Comment est-ce possible, à moins qu’elle ne soit noyée à son corps défendant ?

DEUXIÈME PAYSAN.

Eh bien ! la chose a été jugée ainsi.