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ROMÉO ET JULIETTE.

MERCUTIO.

Merci. Tu as touché juste.

ROMÉO.

C’est l’explication la plus bienséante.

MERCUTIO.

Sache que je suis la rose de la bienséance.

ROMÉO.

Fais-la-moi sentir.

MERCUTIO.

La rose même !

ROMÉO, montrant sa chaussure couverte de rubans.

Mon escarpin t’en offre la rosette !

MERCUTIO.

Bien dit. Prolonge cette plaisanterie jusqu’à ce que ton escarpin soit éculé ; quand il n’aura plus de talon, tu pourras du moins appuyer sur la pointe.

ROMÉO.

Plaisanterie de va-nu-pieds !

MERCUTIO.

Au secours, bon Benvolio ! mes esprits se dérobent.

ROMÉO.

Donne-leur du fouet et de l’éperon ; sinon, je crie : victoire !

MERCUTIO.

Si c’est à la course des oies que tu me défies, je me récuse : il y a de l’oie dans un seul de tes esprits plus que dans tous les miens… M’auriez-vous pris pour une oie ?

ROMÉO.

Je ne t’ai jamais pris pour autre chose.

MERCUTIO.

Je vais te mordre l’oreille pour cette plaisanterie-là.

ROMÉO.

Non. Bonne oie ne mord pas.