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SCÈNE II.

ANTOINE.

Fulvie est morte.

ÉNOBARBUS.

Fulvie ?

ANTOINE.

Morte !

ÉNOBARBUS.

Eh bien, seigneur, offrez aux dieux un sacrifice d’actions de grâces. Quand il plaît à leurs divinités d’enlever à un homme sa femme, l’homme les reconnaît comme les tailleurs de la terre et se console par cette réflexion que, quand une vieille robe est usée, il y a de quoi en faire une neuve. S’il n’y avait pas d’autre femme que Fulvie, vous auriez vraiment reçu un coup, et le cas serait lamentable : mais cette douleur est couronnée d’une consolation. Votre vieille jupe vous vaut un cotillon neuf ; et, en vérité, toutes les larmes qui doivent laver ce chagrin-là tiendraient dans un oignon.

ANTOINE.

— Les affaires qu’elle a entamées dans l’État — ne peuvent tolérer plus longtemps mon absence. —

ÉNOBARBUS.

Et les affaires que vous avez entamées ici ne peuvent se passer de vous, surtout celles de Cléopâtre qui dépendent entièrement de votre résidence.

ANTOINE.

— Plus de réponses frivoles ! Que nos officiers — reçoivent avis de notre résolution. Je m’ouvrirai — à la reine sur les causes de notre départ, — et j’obtiendrai son consentement. Car ce n’est pas seulement — la mort de Fulvie et d’autres raisons personnellement urgentes — qui nous parlent si puissamment ; les lettres — de nos amis les plus actifs à Rome — nous réclament chez nous. Sextus Pompée — a jeté le défi à César et com-