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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

N’y pensez plus, que diable ! ce n’est qu’un tambour.

PAROLES.

Qu’un tambour ! ce n’est qu’un tambour ! un tambour ainsi perdu !… Aussi bien, quelle manœuvre excellente ! Charger avec notre cavalerie sur nos propres ailes et enfoncer nos propres troupes !

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Le général qui commandait n’est point à blâmer pour cela : c’est un de ces désastres de guerre que César lui-même n’aurait pu prévenir, s’il avait eu le commandement.

BERTRAND.

Allons ! nous n’avons pas trop à nous plaindre de notre succès. La perte de ce tambour n’a pas été à notre honneur, c’est vrai ; mais il est impossible de le ravoir.

PAROLES.

On aurait pu le ravoir.

BERTEAND.

On l’aurait pu, mais on ne le peut plus.

PAROLES.

On le peut encore ; s’il n’était pas vrai que le mérite des actes d’éclat est rarement attribué à leur véritable auteur, je reprendrais ce tambour, lui ou un autre, ou j’y trouverais mon hic jacet.

BERTRAND.

Eh bien, si vous en avez le cœur, monsieur, si vous croyez par quelque mystérieux stratagème pouvoir remettre à sa place naturelle cet instrument d’honneur, faites-en magnanimement l’entreprise et en avant ! j’honorerai cette tentative comme un noble exploit. Si vous réussissez, le duc en parlera et récompensera, d’une manière digne de lui, jusqu’à la dernière syllabe de votre valeur.