Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/190

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
DE PERCY BYSSHE SHELLEY

Sans doute il faut imposer quelque contrainte à ces gens irréfléchis qui croient pouvoir trouver dans la violence un remède contre la violence, alors même que leurs oppresseurs leur ont donné la tentation qui les a conduits à leur perte. Ils sont les instruments du mal, moins coupables que les mains qui les ont dirigés, mais ils sont sujets à justifier des précautions. Pourtant leur mort, par la pendaison et la décapitation, et les circonstances dont elle est l’indice et la suite, constituent une de ces calamités que la nation anglaise devrait déplorer avec une douleur inconsolable.


VIII


Les rois et les ministres se sont de tout temps distingués des autres hommes par la soif de la prodigalité et du sang versé.

Il existait dans ce pays, jusqu’à la guerre d’Amérique, un obstacle, bien faible et bien souple, à la vérité, contre ce penchant désolant. Jusqu’à l’époque où l’Amérique se proclama en république, l’Angleterre fut peut-être la nation la plus libre et la plus glorieuse qui existât à la surface de la terre. Elle n’était pas ce qu’il serait si grandement souhaitable que fut une nation, mais tout ce qu’elle peut être quand elle ne se gouverne pas elle-même.

Néanmoins les conséquences de cette lacune fatale ne tardèrent pas à se manifester.