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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

damnés pour l’éternité, tout au moins ils jurent qu’ils le croient. Selon moi, ils font meilleure figure dans le rôle de parjures que dans celui de croyants à une fausseté aussi révoltante, aussi peu charitable que celle-là.

Je propose une tolérance illimitée, ou plutôt la destruction simultanée de la tolérance et de l’intolérance.

L’Acte permet à certaines gens d’adorer Dieu d’une certaine façon comme si, à supposer, qu’ils ne s’y conformaient pas, on pourrait empêcher Dieu d’entendre leurs appels. Pouvons-nous rien concevoir de plus présomptueux et en même temps de plus ridicule qu’une réunion d’hommes qui accorde licence à Dieu d’accueillir les prières de certaines de ses créatures ?

Ô Irlandais, je suis intéressé dans votre cause, et ce n’est point parce que vous êtes Irlandais ou Catholiques romains, que je suis ému, et que je partage vos sentiments, mais parce que vous êtes des hommes, et des persécutés. Si à cette heure l’Irlande était peuplée de Brahmines, ce même appel eût été inspiré par le même état d’esprit.

Vous avez souffert non seulement dans votre religion, mais encore dans bien d’autres choses, et je suis tout aussi désireux d’y porter remède.

L’union de l’Angleterre avec l’Irlande a éloigné du pays natal l’aristocratie et la petite noblesse protestante, et en même temps ce qu’elles avaient d’amis et de relations. Leurs ressources ont été tirées du pays, bien qu’elles soient dépensées dans un autre. Le peuple, le malheureux peuple, est ac-