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Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/384

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-sés d’êtres humains qui pourtant ne sympathisent point avec nous, de là notre amour pour les fleurs, la prairie, les eaux, et le ciel. Dans le mouvement même des feuillos au printemps, dans l’air bleu, se trouve alors quelque chose qui répond secrètement à notre cœur. ïl y a de l’éloquence dans le vent qui ne parle pas, une mélodie dans les ruisseaux qui coulent, dans le bruissement des roseaux qu’ils baignent, et l’ineffable harmonie de vos choses avec je ne sais quoi d’intime en notre âme éveille nos esprits, les fait bondir de ravissement haletant, fait monter aux yeux les larmes d’une mystérieuse tendresse, comme le ferait l’enthousiasme d’une victoire de la patrie, ou la voix de l’être bien-aimé se faisant entendre pour vous seul. Sterne dit que s’i! était dans un désert, il serait amoureux d’un cyprès. Dès que ce besoin ou ce pouvoir est mort, l’homme n’est plus un sépulcre vivant, et ce qui serait de lui n’est que l’enveloppe de ce qu’il était autrefois.