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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

Je ne présente qu’une esquisse de ce tableau que vos espérances peuvent orner des couleurs de la réalité.

Le gouvernement ne permettra point une discussion paisible et raisonnable de ses principes par une association d’hommes qui se réuniraient dans ce but formel. Mais des êtres humains n’ont-ils pas le droit de se réunir pour s’entretenir de ce qui leur plaît. N’est-il pas de la dernière évidence que le gouvernement n’est utile qu’autant qu’il a pour effet le bonheur des gouvernés, et que, par suite, les gouvernés sont en droit de s’entretenir sur l’efficacité de la protection qu’on exerce à leur profit. Peut-il y avoir un sujet plus intéressant ou plus utile que de discuter jusqu’à quel point les procédés employés par le gouvernement sont utiles ou peuvent l’être davantage pour arriver à ce but ? Bien que je répudie la violence, ainsi que la cause qui compte sur elle pour agir sur la force, je ne puis pourtant penser que le fait de se réunir simplement pour causer de la manière dont vont les choses, je ne puis arriver à comprendre que des sociétés formées pour causer de n’importe quel sujet, puissent, en dépit de l’aversion qu’elles inspirent au gouvernement, donner prise à des accusations de pression ou de violence, — je crois que des associations dirigées avec un esprit de modération, d’ordre, et de prévoyance sont un des moyens les meilleurs et les plus efficaces que je recommanderais pour parvenir au bonheur, à la liberté, à la vertu.

Êtes-vous des esclaves ou êtes-vous des hommes ?