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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

norable que celle de Bonaparte, ne sont rien pour eux.

Les pauvres paient cette gloire et cette aisance au prix de leur sang, de leur labeur, de leur bonheur et de leur vertu. Ils meurent dans les batailles pour cette cause infernale. Leur travail produit l’argent et les vivres pour la faire aboutir. Leur bonheur est détruit par l’oppression qu’ils subissent, leur vertu est déracinée par la dépravation et le vice qui règnent constamment dans l’armée et que le système actuel rend absolument inévitables. Qui ne sait que l’établissement d’un régiment dans une ville ne tardera pas à bannir les bonnes mœurs et le bonheur de ses habitants. Ceux qui défendent le bonheur et la liberté de la grande masse du peuple, qui paie la guerre de sa vie et son labeur, ne devraient jamais cesser d’écrire et de parler, jusqu’à ce que les nations voient, autant qu’elles la sentent, la folie de livrer des batailles et de s’entretuer en uniforme pour rien du tout.

Vous avez bien des sujets de réflexion.

La manière dont vous êtes représentés à la chambre, qu’on nomme la représentation collective du pays, réclame votre attention.

Il est horrible que les classes inférieures aient à prodiguer leur vie et leur liberté pour fournir à leurs oppresseurs les moyens de les opprimer encore plus terriblement. Il est horrible que les pauvres aient à donner en taxes ce qui les sauverait de la faim et du froid, eux et leurs familles ; il est plus horrible encore qu’ils aient à faire cela pour qu’on puisse accroître leur abjection et leur mi-