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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

La Liberté de la Presse est placée comme une sentinelle pour nous donner l’alarme quand on veut porter quelque atteinte à nos libertés.

C’est maintenant, ô Irlandais, c’est moi qui réveille la sentinelle ! Je me crée une liberté qui n’existe pas. Il n’y a pas de liberté de la presse pour les sujets du gouvernement britannique.

Il est vraiment risible d’entendre des gens qui la vantent bien haut comme un inestimable bienfait, alors qu’ils l’ont vue tous les jours muselée et outragée par les légistes de la couronne, en vertu de ce qu’on appelle des informations ex officio. Blackstone dit que si l’on publie quelque chose d’inconvenant, de malfaisant, d’illégal, on doit accepter les conséquences de sa témérité. » Et le Lord Principal Baron Comyns définit le libelle comme « l’injure, ou reproche publié contre le gouvernement, dans le but de le diffamer, par une personne en charge ou un particulier. »

Or je vous prie de considérer ces termes malfaisant, inconvenant, illégal, injure, reproche, diffamer. Ne peuvent-ils pas qualifier de malfaisant, d’inconvenant tout ce qui leur plaît ? La loi n’est-elle pas entre leurs mains comme l’argile en celles du potier ? Ces mots d’injure, de reproche, de diffamer n’expriment-ils pas tous les degrés, toutes les nuances de désapprobation ?

Il est impossible de vous déclarer peu satisfait de certains actes du gouvernement, ou des individus qui le dirigent, sans exprimer un reproche. Il n’y a pas de sécurité pour nous à signaler loyalement des abus, parce que la seule mention de griefs sera