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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

ère désastreuse que j’éloigne de tous mes vœux, et que cet appel a pour but de prévenir.

En effet ces fardeaux peuvent-ils être portés éternellement ? Les esclaves peuvent-ils se courber, s’humilier sans cesse ? La misère et le vice sont-ils si bien en harmonie avec la nature de l’homme, qu’il les serre contre son cœur ? Mais quand le misérable prisonnier voit approcher l’heure de sa libération, ne supportera-t-il pas sa misère, pour un peu de temps, avec espoir et patience, pour s’élancer alors dans les bras de son sauveur, et devenir soudain un homme ?

Je me propose, ô Irlandais, d’observer l’effet que produira sur vos esprits cet appel dicté par la ferveur de mon amour et de mon espérance.

Je suis venu dans ce pays pour n’épargner aucune peine, chaque fois qu’il en résultera un avantage réel pour vous.

Le moment présent est une crise, importante entre toutes, pour fixer l’oscillation du sentiment public ; si peu que mes faibles efforts aient réussi à le fixer du côté de la vertu, Irlandais, ce sera la mesure de mon bonheur.

Je me propose de faire de cet appel une introduction à un second.

L’organisation d’une société dont l’institution servira de lien entre ses membres dans la poursuite de la vertu, du bonheur, de la liberté et de la sagesse, par le moyen d’une opposition morale aux abus, serait probablement utile.

J’avoue m’intéresser vivement à la formation d’une telle société.