Page:Shelley - Œuvres poétiques complètes, t1, 1885, trad. Rabbe.djvu/128

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CHANT PREMIER

I

Quand la dernière espérance de la France écrasée fut tombée comme un court rêve de passagère gloire, fuyant les visions de désespoir, je me levai, et escaladai le sommet d’un promontoire aérien, dont la base caverneuse blanchissait sous la houle agitée ; et je vis l’aube d’or jaillir et réveiller chaque nuage et chaque vague ; — mais le calme ne dura qu’un instant : car tout à coup la terre fut secouée, comme si sa masse était surprise par le dernier cataclysme.

II

Comme je me tenais debout, un coup de tonnerre retentissant éclata en grondements lointains le long de l’abîme sans vagues ; et se réunissant rapides dans toutes les directions, de longues trainées de brumes tremblotantes se mirent à ramper, jusqu’au moment où leurs lignes s’emmêlant plongèrent le soleil levant dans l'ombre ; — on n’entendait pas un son ; un horrible repos régnait sur les forêts et les flots, et, tout à l'entour, des ténèbres plus terribles que la nuit se répandaient sur la terre.