Page:Shelley - Œuvres poétiques complètes, t2, 1887, trad. Rabbe.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

120 œUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY nilé avec son opprcssour. L’intérêt moral do la fable, si pnissaninicnt soiiltMiu par la fermeté et la constance de Prométhée, disparaîtrait, si nons ponvions le concevoir rétractant son hardi langage et faiblissant devant son heu- reux et perfide adversaire. Le seul être imaginaire ressemblant en quelque degré à Prométhée, c’est Satan ; et Prométhée, à mon avis, est un caractère bien plus poétique que Satan, parce qu’avec le courage, la majesté, la ferme et patiente opposition à la force toute-puissante, il s’offre au peintre connue exempt de toute teinte d ambition, d’envie, de revanche, de désir d’agrandissement personnel, de tout ce qui, dans le héros du Paradis Perdu, entre en conflit avec lintt’rèt. Le carac- tère de Satan fait naître dans l’esprit une dangereuse ca- suistique, qui nons conduit à peser ses fautes avec ses mal- heurs et à excuser les premières parce que les seconds dépassent tonte mesure. Pour ceux (|ui considèrent cette merveilleuse fiction avec le sentiment religieux, elle engen- dre quelque chose de pire encore. Mais Prométhée est, pour ainsi dire, le type de la plus haute perfection morale et iulellecluelle. obéissant aux |)lus purs, aux plus legiti- mes motifs, aux meilleures et aux plus nobles fins. Ce poème a été pres(|ue entièrement écrit sur les ruines montagneuses des bains de Caracalla. parmi les clairières en fleurs, les bosciiiets d’arbres à la floraison odoriférante, qui couvrent les labyrinllies tortueux de cette immense j)late-forine, et les arches suspendues dans l’air (|ui don- nent le vertige. Le brillant ciel bleu de Unme. le vigoureux éveil du printemps sous ce divin climat, la nouvelle vie qu’il ri’pand dans les sens ius(|u"à l’enivrement, furent rins|)iraliou de ce drame. Les images que j yai employéi’s ont é-li- tirt-es. en grande partie, des opérations de lespril liiimaiu. ou des actions extérieures qui les expriment : chose assez, inusitée dans la poésie moderne. quoi(|ne hante et Shakespeare soient pleins d’exemples de ce genre, et Dante plus (juaucun autre pctète et avec un plus grand succès. .Mais les poètes grecs, en écrivains à qui ne fut inconnue aucune des ressourci’S