Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 3.djvu/40

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je n’éprouvais pas ce plaisir, sans que le souvenir du passé, et le sentiment de l’avenir n’y joignissent de l’amertume. J’étais fait pour le bonheur paisible. Dans ma jeunesse, je n’avais jamais connu le chagrin ; et, si je me laissais quelquefois gagner par l’ennui, la vue des beautés de la nature, ou l’étude de ce qui est excellent et sublime dans les productions de l’homme intéressait toujours mon cœur, et avait le pouvoir de m’électriser. Mais je suis un arbre tombé ; le trait a pénétré mon âme ; et j’ai senti alors que je survivrais pour montrer, pendant quelque temps seulement, le spectacle déplorable de l’humanité qui succombe, en