Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 3.djvu/60

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à venir me maudiraient comme leur fléau ; moi qui, dans mon égoïsme, n’avais pas craint d’acheter ma tranquillité personnelle au prix, peut-être, de l’existence de toute la race humaine.

Je tremblais, je me sentais défaillir, lorsque, en levant les yeux, j’aperçus, à la clarté de la lune, le Démon auprès de la fenêtre. Il sourit en me voyant occupé de la tâche qu’il m’avait imposée : mais ce sourire était horrible. Ce n’était que trop vrai : il m’avait suivi dans mes voyages ; il avait habité les forêts, il s’était caché dans les cavernes ou dans les bruyères vastes et désertes ; et il venait maintenant observer mes progrès, et réclamer l’accomplis-