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Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/131

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Joseph. — Oui, c’est le point sensible… Quand le trait qui nous frappe est encore aiguisé par l’ingratitude, la blessure est d’autant plus vive.

Sir Peter. — Ah !… moi qui lui ai servi, en quelque sorte, de tuteur ; qui l’avais si souvent reçu chez moi ; qui ne lui ai jamais de ma vie refusé… un conseil !

Joseph. — Oh ! ce n’est pas croyable. Il y a peut-être un homme capable d’une telle infamie, c’est évident ; mais, pour moi, jusqu’à ce que vous m’ayez donné des preuves positives, je ne puis qu’en douter. Par exemple, si l’on devait me le prouver, je ne le reconnais plus pour mon frère… je renie toute parenté avec lui ; car l’homme qui peut violer les lois de l’hospitalité et s’attaquer à la femme de son ami, mérite d’être flétri comme le fléau de la société.

Sir Peter. — Quelle différence entre vous deux ! Les nobles sentiments que voilà !

Joseph. — Mais, encore un coup, je ne puis mettre en doute l’honnêteté de lady Teazle.

Sir Peter. — Je vous assure que je voudrais n’en penser que du bien et écarter tout sujet de dispute entre nous. Elle me reproche fréquemment depuis quelque temps de ne lui avoir fait aucun sort ; et, dans notre dernière querelle, elle m’a donné à entendre assez que la douleur ne la tuerait pas, si je venais à mourir. Maintenant, comme nos idées de dépense ne s’accordent guère, j’ai résolu, en prévision de l’avenir, qu’elle aurait son libre arbitre et serait sa maîtresse. De la sorte, si je venais à mourir, elle verrait que, durant ma vie, j’ai songé à ses inté-