Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/40

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Lady Sneerwell. — Bah ! il n’y a pas moyen d’avoir de l’esprit sans être un peu méchant : la malice d’un bon mot est la pointe qui le fait piquer… Qu’en dites-vous, monsieur Surface ?

Joseph Surface. — Assurément, madame ; la conversation où l’esprit de raillerie est supprimé, paraîtra toujours ennuyeuse et insipide.

Maria. — Soit, je n’irai pas discuter jusqu’à quel point la médisance est admissible ; mais, chez un homme, j’en suis convaincue, elle est toujours méprisable. Nous autres, nous avons l’orgueil, l’envie, la rivalité et mille petits motifs de nous décrier mutuellement ; mais, pour en venir là, il faut qu’un homme n’ait pas plus de courage qu’une femme.


Entre le Domestique.


Le Domestique. — Madame, Mrs Candour est en bas. Avant de descendre de voiture, elle demande si Milady est visible.

Lady Sneerwell. — Faites entrer ! (Le domestique sort.) Cette fois, Maria, voici un caractère de votre goût ; car, bien que mistress Candour soit un peu bavarde, tout le monde reconnaît que c’est la meilleure femme qu’il y ait.

Maria. — Oui, tout en affectant beaucoup de bonté et de bienveillance, elle fait plus de mal que le vieux Crabtree avec sa franche méchanceté.

Joseph Surface. — C’est ma foi vrai, Lady Sneerwell : chaque fois que j’entends la con-