Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/53

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d’une robe de soie, ni d’autre divertissement que le grand bal annuel à l’occasion des courses. Eh bien ! maintenant, elle figure dans toutes les extravagantes fantaisies de la mode à Londres, avec autant d’aisance et de grâce que si elle n’avait jamais vu un buisson ou une plate-bande en dehors de Grosvenor-Square[1] ! Je suis la risée de toutes mes connaissances, et accommodé dans les journaux. Elle dissipe ma fortune et contrarie tous mes goûts ; mais le pis, c’est que je l’aime, j’en ai peur ; sans cela, je ne supporterais jamais tant d’avanies. Par exemple, je ne pousserai pas la faiblesse jusqu’à en convenir.


Entre Rowley.

Rowley. — Oh ! sir Peter, votre serviteur : comment cela va-t-il, monsieur ?

Sir Peter. — Très-mal, maître Rowley, très-mal. Je n’éprouve que revers et contrariétés.

Rowley. — Que peut-il vous être arrivé depuis hier ?

Sir Peter. — Belle question à un homme marié !

Rowley. — Assurément, sir Peter, ce n’est pas madame qui peut vous causer de la peine.

  1. Un des principaux squares de Londres, orné de la statue équestre de Georges Ier, rendez-vous du monde élégant qui habite aux environs et à qui en est réservée la jouissance particulière. Les squares de Londres se distinguent des parks ou promenades publiques, en ce qu’ils sont affectés seulement à l’usage des habitants des maisons qui les entourent.