Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/58

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non… Si vous désiriez avoir de l’autorité sur moi, il fallait m’adopter, et non m’épouser : vous étiez bien assez vieux pour le faire.

Sir Peter. — Assez vieux !… Oui… c’est cela. Allez, allez, lady Teazle, quoique vous puissiez me rendre la vie malheureuse avec votre caractère, je ne me laisserai pas ruiner par vos extravagances.

Lady Teazle. — Mes extravagances ! Je ne suis certainement pas plus extravagante qu’il ne convient à une femme du monde.

Sir Peter. — Non, non, madame, vous ne gaspillerez plus des sommes folles pour l’entretien d’un luxe insensé. Vive Dieu ! vous dépensez autant d’argent pour garnir votre boudoir de fleurs en hiver qu’il en faudrait pour changer le Panthéon en serre, et donner une fête champêtre[1] à Noël.

Lady Teazle. Mon Dieu, sir Peter, est-ce ma faute si les fleurs sont chères dans la froide saison ? Prenez-vous-en au climat, et non pas à moi. Pour mon compte, je voudrais que le printemps durât toute l’année, faisant pousser des roses sous nos pas !

Sir Peter. — Palsambleu ! madame… si vous aviez été élevée à cela, je ne m’étonnerais pas de vous entendre parler ainsi ; mais vous oubliez quelle était votre position quand je vous épousai.

Lady Teazle. Non, non, je ne l’oublie pas : elle était fort désagréable ; sans cela, je ne vous eusse jamais accepté pour mari.

  1. En français dans le texte