Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/68

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Mrs Candour. — Voyons, il n’y a que son embonpoint qui fait son malheur ; et, quand elle se donne tant de mal pour s’en débarrasser, vous devriez ne pas la plaisanter.

Lady Sneerwell. — C’est, ma foi, bien vrai.

Lady Teazle. — Oui, je sais qu’elle ne vit guère que de boissons acides et de petit-lait ; elle se lace au moyen de poulies ; et souvent, dans les plus brûlantes après-midi de l’été, on peut la voir sur un petit poney trapu, les cheveux relevés au-dessus de la nuque comme la tresse d’un tambour, qui s’essouffle à faire au grand trot le tour du Ring[1].

Mrs Candour. — Je vous remercie de la défendre, Lady Teazle.

Sir Peter, à part. — Oui, jolie défense, ma foi !

Mrs Candour. — Sir Benjamin, lui, est aussi mordant que Miss Sallow[2].

Crabtree. — Oui, en voilà une que j’admire avec ses prétentions à la critique… une pauvre fille gauche et niaise, la plus disgraciée qu’il y ait !

Mrs Candour. — Voyons, voyons, vous ne devriez pas être aussi dur. Miss Sallow d’abord me tient de près par alliance, et puis, en ce qui la concerne, elle a droit à la plus grande indulgence. Permettez-moi de vous le dire, il y a bien des traverses à éprouver pour une femme

  1. Enceinte où l’on exerce les chevaux, ce que nous appelons manège ou piste.
  2. Miss Blême.