Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/77

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Rowley. — Il est étrangement prévenu contre lui, d’autant plus, j’en suis sûr, qu’il lui suppose des relations avec lady Teazle, calomnie habilement répandue par une société de mauvaises langues du voisinage, laquelle n’a pas peu contribué à la triste réputation de Charles. La vérité serait plutôt, je crois, que, si la dame a de l’inclination pour l’un des deux frères, c’est pour Joseph.

Sir Oliver. — Oui, je sais qu’il y a là une collection de mauvais drôles, commères mâles et femelles, au caquet plein de calculs, qui assassinent les réputations pour tuer le temps ; ils sont capables de dépouiller un jeune homme de sa bonne renommée, avant qu’il ait assez vécu pour en connaître le prix… Mais ce ne sont pas de telles manœuvres qui me préviendront contre mon neveu, je vous le garantis… Non, non… si Charles n’a commis aucun acte de fausseté ou d’indélicatesse, je passerai sur ses folies.

Rowley. — Alors, que je meure si vous ne le ramenez à bien… Ah ! monsieur, cela me fait renaître de voir que votre cœur ne lui est pas fermé, et que le fils de mon bon vieux maître a encore, malgré tout, conservé un ami.

Sir Oliver. — Quoi donc, maître Rowley, puis-je oublier que j’ai été jeune comme lui, moi aussi ?… Parbleu, mon frère et moi, nous n’étions pas non plus de grands saints ; et je crois pourtant que vous n’avez pas vu souvent de meilleur homme que votre vieux maître.

Rowley. — Monsieur, c’est cette pensée qui me donne l’assurance que Charles peut être