Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/99

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course en le privant d’avoine ? Pour moi, vive Dieu ! je n’ai jamais autant de veine que lorsque je suis un peu en gaieté : que je jette les dés après avoir bu une bouteille de Champagne, et je ne perds jamais.

Tous. — Hein, comment cela ?

Charles. — Du moins, si je perds, je n’y fais pas attention, ce qui est exactement la même chose.

Careless. — Oui, c’est ce que je pense.

Charles. — Et puis, quel homme peut se prétendre un fidèle en amour s’il n’est, en fait de vin, qu’un renégat ? C’est par là que l’amoureux éprouve son propre cœur. Videz une douzaine de rasades à la santé d’une douzaine de beautés, et celle qui surnage est l’enchanteresse qui vous a séduit.

Careless. — Eh bien donc, Charles, soyez sincère, et faites-nous connaître votre idole.

Charles. — Ma foi, je m’en étais abstenu seulement par pitié pour vous. Si je lui porte un toast, vous êtes forcés de boire à la ronde à la santé de femmes qui la vaillent, et il n’y en a pas sur la terre.

Careless. — Oh ! nous trouverons alors quelques vierges canonisées ou des déesses de l’Olympe qui feront l’affaire, je le garantis !

Charles. — Je bois donc ici, farceurs que vous êtes, je bois à Maria ! à Maria !…

Sir Harry. — Maria qui ?

Charles. — Oh ! diable soit du nom de famille !… C’est une vaine formalité, et le calen-