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Page:Sheridan - OEuvres de Sheridan (Laroche).djvu/514

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MÔNODIE SUR LA MORT DE GARRICK, PRONONCÉE AU THEATRE DE DRURT-LANE. Si des illustres morts la mémoire est sacrée. Si l'on doit une larme à leur cendre adorée , Sied-il que nous venions vous demander des pleurs Pour des malheurs fictifs, de scéniques douleurs? Ou la tristesse au cœur, essayant de sourire, Faut-il cacher le deuil sous le masque du rire, Lorsque de Roscius, moissonné sous nos yeux, La tombe attend encor notre hommage pieux ? Ne soyez point ingrats ; donnez à sa poussière Les larmes que sa voix vous arrachait naguère. La pompe solennelle entourant son cercueil, La poésie en. pleura chantant l'hymne du deuil , Ce funèbre appareil, cette foule pressée, Qui, le front découvert et la tête baissée, Accompagnait d'un pas silencieux Du grand homme expiré les restes glorieux, Pendant que sur sa base éternelle, immuable, De l'auteur d'Othello l'image vénérable Semblait montrer du doigt le saint emplacement Où devra s'élever le pieux monument Eh ! qui mérita mieux cette douleur publique, Ces pleurs secrets versés au foyer domestique? Mais c'est ici surtout, c'est ici qu'étaient dus Ces douloureux regrets, ces éloquens tributs. De tous les arts, le nôtre, ô destinée amère! Le nôtre est le plus éphémère. Tel est l'arrêt du sort. Le peintre, aimé du ciel, Animant sous ses doigts la toile obéissante. Pour prix d'un chef-d'œuvre immortel, Cueille une palme triomphante. Si d'un juste respect Reynolds est entouré , Le nom de Raphaël n'en est pas moins sacré : En vain de ses couleurs s'efface l'harmonie, 28