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Page:Sicard - La Mort des Yeux, 1907.djvu/131

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Je pense à la grande famille des aveugles ! Je voudrais la rassembler un jour pour voir si elle suffirait à peupler une ville.

Être chez soi, vivre dans la Cité des aveugles, tous pareils des yeux et n’avoir plus en soi la jalousie des vivants qui savent autre chose que la nuit !

Au long des rues nous pourrions nous heurter sans nous demander pardon, sans nous injurier, sans avoir honte, sachant bien que c’est entre nous, entre pareils que nous choquons nos allées et venues, nos pas craintifs et nos gestes de fous ; sachant que le bruit des bâtons qui tâtonnent à la montée et à la descente des trottoirs n’est pas un bruit qui dit qu’on va assommer.