Page:Sicard - La Mort des Yeux, 1907.djvu/89

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C’est gris tout le temps devant eux ? Vous ont-ils conté comment c’était gris ? Moi, il me semble que ce doit être argenté ainsi que de la brume et sans nuage ; sans nuage, sœur Madeline, sans nuage, la mer morte au crépuscule, la mer hollandaise…

En navire sous le même ciel ! Ils vont en navire toute la vie ! ils marchent, marchent… non ils ne marchent pas, on les pousse, ma sœur, devant eux, ce devant eux sans transition, sans lumière autre que le gris, le gris d’argent, l’éternelle lampe grise !

Aucune voile qui tache l’horizon, aucun pavillon qui bat l’air devant eux. Pas de détresses, de signaux, d’autres routes ; rien… rien, le calme immense des regards enfermés, éteints…