Mais la vie railleuse et cruelle
Nous inflige le lourd désir
De rester quand il faut partir,
De souffrir en ouvrant ses ailes.
Ainsi la beauté d’un printemps
Ne nous sépare d’un automne ;
Et l’amant trouve monotone
Sa convoitise d’un instant.
Le premier jardin que l’on laisse
Est toujours le plus doux jardin.
Les roses des nouvelles mains
Ont beau sangloter de tendresse
Et faire assaut de leur couleur,
Rien ne peut fléchir la pensée
D’une saison et d’une allée
Quand l’enfance en a pris l’odeur.
L’enfance c’est le ciel qui s’ouvre
Lorsqu’on ne croyait plus au ciel ;
C’est l’abeille qui fait son miel,
C’est la ruche dont on se couvre.