Aller au contenu

Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Que vous resterait-il puisque rien ne me reste,
            Sinon cette douleur
D’être plus dépouillé ? Ne faites pas le geste
            De rassurer mon cœur.

S’il est d’autres jardins vaudront-ils dans leurs branches,
            Dans leur courbe et leur buis,
Dans leurs parfums d’étés et leurs fontaines blanches
            Ma peine d’aujourd’hui ?

Peut-on recommencer, à chaque paysage,
            Un éternel roman ?
Peut-on recommencer à vouloir davantage
            Que son beau dénuement ?

Je serai, dans les fleurs prochaines, cette morte
            En robe de satin
Qui sourit au tombeau vers lequel on la porte,
            La morte sans destin.

Vous viendrez me revoir. Votre paresse encore
            — Dans un décor moins doux —
Trouvera les coussins que votre tête adore.
            Je chanterai pour vous.