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Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/44

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Avait rêvé de la récolte et des marchés.
Quand ils se lèveront, quand l’aube frémissante
Les conduira — porteurs des pioches éclatantes —
Vers la plaine des grains, quand ils auront marché,

Ils ne trouveront plus dans les champs de leur terre
L’espoir que suspendait, pour eux, les amandiers.
Toutes les fleurs seront arrachées, les rouliers
En glaneront, contre les haies, dans la poussière…

L’été sanglotera dans son jeune berceau
Et la douleur des moissonneurs sera pareille
À cette pauvreté que les cieux ensoleillent
Et qui laisse déserts les quais et les vaisseaux.

Mon Dieu, comme le vent s’appuie sur la campagne !
Comme les pins et les cyprès doivent, ce soir,
Essayer leur courage et crisper leurs bras noirs
Vers le Titan furieux qui descend la montagne !

Ayez pitié, Seigneur, de toutes les moissons
Que je vois lorsque ma fenêtre n’est point close.
Épargnez le bonheur des hommes qui reposent
Comme vous épargnez les murs de ma maison.