Page:Sichel - Notes d'un bibeloteur au Japon, 1883.pdf/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous ces innombrables petits plateaux, garnis de fruits, de légumes, d’herbes, etc., qui forment le menu d’un dîner japonais. Lorsqu’on apporta la pièce de résistance, un énorme Taï, le poisson rose qui accompagne toujours le dieu Yébis. Il était vivant et servi sur un lit d’algues marines reposant sur des petits tubes de verre attachés les uns aux autres pour imiter les flots. Notre amphitryon lui fit avec un couteau, une large entaille sur le dos, et au moyen de deux bâtonnets d’ivoire, arracha un morceau de chair qu’il me présenta après l’avoir imbibé d’une sauce très relevée. C’est, paraît-il, le plus grand honneur à faire à un convive et pour me conformer aux usages, j’avalai, les yeux fermés, l’horrible mets et m’empressai d’ingurgiter plusieurs rasades de saké.

À deux heures du matin nous laissâmes Nambaya et ses bayadères continuer la fête, qui pour eux dure souvent jus-