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LES STOÏQUES.

Qu’elle reste rivée à son socle de pierre
Cependant qu’à ses pieds tombe & vole en poussière
Le sort changeant des nations ;

Qu’à l’empire vaincu les royautés succèdent
Et, comme les saisons qui l’une à l’autre cèdent,
Ne s’en vont que pour revenir ;
Plus haut que le combat qui hurle à son oreille,
Immortelle pensée oubliée, elle veille
Les yeux fixés sur l’avenir.

C’est en vain qu’elle a vu partir dans l’ombre occulte,
Pour la mort ou l’exil, ceux qui gardaient son culte ;
Elle attend, car elle savait
Que, plutôt que trahir sa cause abandonnée,
Comme elle ils attendront la fin de leur journée
Pour s’endormir sur leur chevet.

Bonnet au front, péplum à l’épaule mi-nue,
Telle qu’elle a jadis pris d’assaut dans la nue
Son piédestal aérien,
Telle, blessée au cœur par la vie implacable,
Elle se tient debout, vigie infatigable,
Sur le mur croulant, son soutien.