Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/254

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trouver mon père ; mais je ne pus rester à l’attendre, et je courus chez Hania. Je ne voulais pas la voir — oh ! non — cela ne pouvait la rendre que plus malade. J’avais besoin seulement de m’assurer qu’elle était réellement rentrée, qu’elle se trouvait de nouveau en sûreté, sous notre toit, près de moi, à l’abri de l’orage et des terribles aventures de ce jour. Un étrange sentiment m’envahit en m’approchant de la chambre de Hania ; ce n’était ni de la colère, ni de la haine, que je ressentais pour elle, mais une profonde pitié et une compassion immense pour cette malheureuse victime de la folie de Sélim. Je la comparais à une tourterelle qu’a surprise un vautour. Oh ! que d’humiliations la malheureuse avait dû subir à Khojéli, dans la maison du vieux Mirza ! Je me promis de ne pas lui faire le moindre reproche, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais, et de me comporter avec elle comme si rien ne s’était passé.