Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/29

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attendait, mais surtout pour monter à cheval ensemble, tirer au pistolet, faire de l’escrime et chasser — ce que nous préférions tous deux aux Annales de Tacite et à la Cyropédie de Xénophon. Mirza était un garçon joyeux, endiablé, emporté comme la poudre, mais d’une très grande sympathie.

Tout le monde chez nous l’aimait, à l’exception de mon père, mécontent de ce que le jeune Tatar était meilleur tireur et escrimeur que moi. Au contraire, madame d’Ives le louait beaucoup, parce qu’il parlait le français comme un Parisien, jasait, faisait de l’esprit et amusait tellement la vieille Française, que nous croyions parfois rêver. Le prêtre Ludvig, de son côté, nourrissait un petit espoir de le convertir un jour au catholicisme, d’autant plus que le jeune garçon plaisantait parfois sur Mahomet et aurait sûrement abandonné le Koran, sans la crainte de son père, qui, en vertu des traditions de sa famille, tenait à sa religion et