Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/295

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un linge ; on voyait sur son visage qu’une lutte terrible se passait en lui. L’oiseau aux ailes légères qu’on appelle l’amour s’envolait visiblement ; mais le noble garçon reprit le dessus, tendit les mains et tomba à genoux devant Hania, en s’écriant :

— Mon Hania ! je suis toujours le même ; je ne t’abandonnerai jamais, jamais !

Des larmes coulèrent des yeux de la jeune fille, mais elle le repoussa doucement :

— Je ne crois pas, je ne puis croire qu’on puisse m’aimer désormais.

Elle couvrit son visage de ses mains et se mit à pleurer.

— Oh ! comme vous êtes tous bons et nobles ! Et moi seule… Mais tout cela est bien fini : je ne suis plus la même.

Et malgré les instances du vieux Mirza, malgré les prières de Sélim, elle ne voulut pas devenir sa femme.

La première tempête de la vie avait brisé cette fleur charmante, à peine épanouie.