Page:Sienkiewicz - Quo vadis, 1983.djvu/293

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— Lygie ! Lygie !

Rien ne répondit. Dans ce silence, on ne percevait que le grondement lointain de l’incendie.

— Lygie !

Soudain parvint à ses oreilles cette voix sinistre qu’une fois déjà il avait entendue dans ce jardin. Dans l’île voisine, le feu s’était sans nul doute déclaré au vivarium proche du temple d’Esculape, et les animaux, parmi lesquels les lions, commençaient à rugir de frayeur. Vinicius frissonna des pieds à la tête. Pour la seconde fois, alors que toutes ses pensées étaient concentrées sur Lygie, résonnaient ces voix effrayantes, présage de malheur.

Mais ce fut une courte impression : le fracas de l’incendie, plus terrible encore que les rugissements des bêtes, le força bientôt à songer à autre chose. Lygie, il est vrai, n’avait pas répondu à ses appels, mais peut-être gisait-elle quelque part ici, évanouie ou étouffée par la fumée. Vinicius s’élança à l’intérieur de la maison. Le petit atrium était désert et envahi par la fumée. En cherchant à tâtons la porte qui menait aux cubicules, il aperçut la lueur vacillante d’un flambeau et, en approchant, il vit le lararium où, à la place des dieux, était une croix : sous cette croix brûlait une veilleuse. Rapide comme l’éclair, une pensée traversa l’esprit du jeune catéchumène : la croix lui envoyait cette lumière qui l’aiderait à retrouver Lygie. Il prit donc le flambeau et inspecta le premier cubicule.

Personne, là non plus. Pourtant, Vinicius était certain d’avoir retrouvé le cubicule de Lygie, car ses vêtements pendaient à des clous plantés au mur et sur le lit était posé le capitium, cette robe ajustée que les femmes portent à même le corps. Vinicius le saisit, y appuya ses lèvres et, le jetant sur son épaule, poursuivit ses recherches.

La maison étant petite, il en eut tôt visité toutes les pièces, jusqu’aux caves. Personne nulle part. Il était clair que Lygie, Linus et Ursus avaient dû, avec les autres habitants du quartier, demander leur salut à la fuite.

« Il faut les chercher dans la foule, hors des portes de la ville », se dit Vinicius.

Il ne s’était pas étonné outre mesure de ne pas les rencontrer sur la Voie du Port, car ils avaient pu sortir de la ville par le côté opposé, dans la direction de la Colline Vaticane. De toute façon, ils étaient à l’abri des flammes. Il fut alors soulagé comme d’un poids très lourd. Il savait, il est vrai, quel grand danger présentait la fuite, mais en songeant à la force surhumaine d’Ursus, il reprit espoir.

« Il faut fuir d’ici, — se disait-il, — et, par les Jardins de Domitia,