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Page:Sigismond de Justh Le livre de la Pousta 1892.djvu/39

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LE LIVRE DE LA POUSTA.

sur le fond verdâtre des pâturages desséchés où de grands bœufs blancs, paresseusement couchés, ruminent. Plusieurs troupeaux se reposent ainsi sur différents points, et parfois on entend le son d’une clochette indolemment agitée. Là-bas, une centaine de ces bêtes, haussées de plusieurs mètres au-dessus du sol, semblent marcher sur des échasses, phénomène dû à la vibration trompeuse de l’air qui a transformé l’horizon en une mer d’eau douce.

C’est la fée Morgane, née des jeux du soleil avec l’atmosphère vacillante et la terre verdâtre, qui peuple le vide de multiples et fantaisistes images et y fait surgir les objets les plus disparates, ici un puits, là, un clocher de village ou la cheminée d’une maison. Elle les rapproche, les grossit, les confond, les disperse, les