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DE DELACROIX AU NÉO-IMPRESSIONNISME

D’ailleurs, ces touches divisées qui, vues de trop près, peuvent choquer, le temps ne se chargera que trop volontiers de les faire disparaître. En quelques années, les empâtements diminuent, les couleurs fondent les unes dans les autres, et le tableau alors n’est que trop uni.

« La peinture ne doit pas être flairée », a dit Rembrandt. Pour écouter une symphonie, on ne se place pas parmi les cuivres, mais à l’endroit où les sons des divers instruments se mêlent en l’accord voulu par le compositeur. On pourra ensuite se plaire à décomposer la partition, note par note, pour en étudier le travail d’orchestration. De même, devant un tableau divisé, conviendra-t-il de se placer d’abord assez loin pour percevoir l’impression d’ensemble, quitte à s’approcher ensuite, pour étudier les jeux des éléments colorés, si l’on accorde quelque intérêt à ces détails techniques.

Si Delacroix avait pu connaître toutes les ressources de la division, il aurait vaincu toutes difficultés dans ses décorations du salon de la Paix, à l’Hôtel de Ville. Les panneaux qu’il devait couvrir étaient obscurs, et il ne parvint jamais à les rendre lumineux. Il se plaint dans son Journal de n’avoir pu, bien que s’y étant repris à plusieurs fois, retrouver sur cet emplacement l’éclat de ses esquisses.

À Amiens, quatre admirables compositions de Puvis de Chavannes : le Porte-Etendard, Femme pleurant sur